On connaît le proverbe, chinois, bien sûr. Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Quand il y a 450 000 personnes à la Fête de l’Humanité, plus de quatre cents débats, dont celui de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet avec le président du Medef Patrick Martin et celui des quatre dirigeants des formations du Nouveau Front populaire, nombre de médias n’entendent que des sifflets.
Quand des personnalités, aussi différentes que Dominique de Villepin ou la formidable Angela Davis, évoquent la tragédie toujours en cours à Gaza, ces médias ne retiennent que l’accueil fait par des militants insoumis au député de la Somme François Ruffin.
Des sifflets, sinon rien. On comprend. Là on n’a pas affaire à des imbéciles. L’occasion était trop belle de mettre le doigt, pour le coup, sur ce qui pourrait être, enfin, la bonne nouvelle d’une division de l’union réalisée avec le Nouveau Front populaire arrivée en tête au second tour des législatives. Le succès du NFP, ou comment s’en débarrasser et comment faire oublier sa légitimité à composer un gouvernement conduit par sa candidate à ce poste, Lucie Castets.
Et « le Figaro » de titrer, avec le bonheur que l’on devine, sur « la gauche qui se déchire », « le Monde sur « l’avenir en suspens du NFP ».
Oui il y a des débats, et en la circonstance un débat trop vif et franchement regrettable entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon.
Il est vrai qu’une partie de la gauche a peut-être délaissé les luttes sociales et il en fut bien question lors du débat du dimanche avec Marine Tondelier, Manuel Bompard, Olivier Faure et Fabien Roussel. Lucie Castets, pour sa part, a appelé à maintenir l’unité du NFP, sans laquelle on en restera à regarder la lune sans jamais la toucher du doigt.
Mais de cela la télé et la radio n’ont rien vu et rien entendu. Les journaux des milliardaires Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Rodolphe Saadé, Xavier Niel non plus.
Silence, on siffle.
Maurice Ulrich