Au fil de l’actualité… 2024, une année noire ? Oui, et pourtant…

 Quelles traces laissera 2024 dans nos mémoires et dans l’histoire ? Des guerres abominables au Proche-Orient et en Ukraine ; des vives tensions autour de Taïwan ; la prolifération, telles des épidémies contagieuses, de poussées nationalistes, racistes, xénophobes ; des dirigeants politiques imprévisibles ; bref, un monde de plus en plus fragmenté et privé de boussole…

Une année noire, donc ? Oui, incontestablement, à voir les désastres accumulés et les lourdes incertitudes pour l’avenir. Et, pourtant, cette même année fut marquée, simultanément, par nombre d’événements positifs, parfois de grande portée, que les malheurs ambiants ont tendance à reléguer au second plan, voire à plonger dans l’oubli. À l’heure du bilan, il n’est que justice d’en rappeler quelques-uns.

En Amérique latine, dont l’avenir pouvait, naguère, sembler durablement bouché par l’offensive réactionnaire triomphante qu’elle avait subie, voilà qu’après, notamment, le retour emblématique de Lula au Brésil et l’élection historique de Gustavo Petro en Colombie, en 2022, cette année 2024 vient d’être marquée par deux nouveaux succès exemplaires.

« Une année noire, incontestablement, à voir les désastres accumulés et les lourdes incertitudes pour l’avenir. Et, pourtant, cette même année fut marquée, simultanément, par nombre d’événements positifs, parfois de grande portée. »

D’abord, la victoire écrasante de Claudia Sheinbaum, première femme présidente du Mexique – fonction dans laquelle elle succède à une autre figure progressiste, Andres Manuel Lopez Obrador (AML) ; ensuite le retour de la gauche unie au pouvoir en Uruguay, qualifié par Lula de « victoire pour toute l’Amérique latine et les Caraïbes » !

En Afrique, elle aussi durement meurtrie par des guerres, aussi dramatiques que méconnues, l’année 2024 fut, en même temps, marquée par des avancées démocratiques prometteuses. Le meilleur exemple en est sans doute l’élection inattendue du nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, au printemps dernier.

En rupture avec le vieux système de la Françafrique, porteur des exigences de souveraineté, d’égalité et de justice, nouveau symbole d’un panafricanisme de gauche, il bénéficie à ce stade de la confiance de la jeunesse, qui espère de vrais changements. On ne peut que s’en réjouir.

En Asie, 2024 a réservé de nombreuses surprises réconfortantes. Cet été, le soulèvement populaire au Bangladesh chassa l’hyper-autocratique première ministre et choisit Muhammad Yunus, le très respecté « banquier des pauvres », Prix Nobel de la paix 2006, pour diriger le gouvernement intérimaire ! Cet automne, c’est au Sri Lanka que s’est produit un séisme politique avec l’élection d’un président représentant la coalition de gauche Pouvoir national du peuple, Anura Dissanayake !

Ces dernières semaines, enfin, c’est de Corée du Sud que nous est arrivée une bonne nouvelle : la mobilisation victorieuse des forces démocratiques contre la tentative de coup d’État du président ultra-conservateur et pilier de l’alliance avec Washington, Yoon Seok-youl. Il en résulte un nouveau renforcement de l’opposition démocrate, qui était, dès avril dernier, redevenue majoritaire au Parlement.

Si on ajoute à tous ces faits plusieurs initiatives diplomatiques particulièrement bienvenues entre la Chine et l’Australie (en juin), entre la Chine et l’Inde (en octobre), entre la Chine et le Japon (en novembre), car susceptibles d’apaiser les tensions dans cette région stratégique, on commence à affiner notre perception du bilan de l’année.

Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen

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