Mais elle ne tombe pas. Sébastien Lecornu garde Matignon grâce à une concession minimale : suspendre la réforme des retraites jusqu’en 2028. Pas l’abroger. Juste suspendre.
Il a même pris soin de le dire clairement : cette suspension coûtera 400 millions d’euros. Et elle sera « compensée ». Par qui ? Toujours les mêmes. Blocage des pensions. Gel des prestations sociales. Austérité programmée.
Et pourtant, le Parti socialiste a présenté cette suspension comme une victoire. Une « fissure » dans le dogme macroniste, selon ses mots. Mais dans les faits, cette avancée reste limitée : le gouvernement conserve l’initiative et gagne du temps.
Ce choix politique offre du temps à un pouvoir délégitimé, usé, battu dans les urnes. Car rappelons-le : Macron n’a pas été réélu sur un projet. Il a été reconduit contre l’extrême droite. Et il a perdu sa majorité à force de mépris et de brutalité sociale.
Cette suspension n’est pas une victoire. C’est un piège. Elle installe un calendrier qui permet à la Macronie de revenir à la charge après 2027, avec le même programme, les mêmes méthodes, les mêmes perdants.
Le budget qui arrive le prouve : austérité pour les classes moyennes, cadeaux fiscaux pour les ultra-riches. Vingt-neuf taxes pour les uns, une seule pour les autres. Avec exonérations, bien sûr.
La Macronie joue la montre. Elle mise sur l’usure, les divisions, les arrangements. Elle sait que ce sursis est fragile mais suffisant pour reprendre la main si l’opposition se disperse.
La gauche, si elle veut peser, devra assumer une ligne claire. Sans ambiguïté. Sans complicité. Sans illusion. Ce n’est pas en accompagnant Macron qu’on le fera tomber.
Ce moment politique est une fenêtre. Ce qui est possible aujourd’hui — un recul — peut demain devenir une défaite pour ce pouvoir. Mais à condition de ne pas se contenter de fissures. À condition de frapper au bon endroit. Ensemble.
Gabriel Blasco – Section de Sète du PCF
