Au fil d’actualité… Éditorial – Mensonge d’État

L’affaire Legay est un condensé des raisons pour lesquelles police et République s’accordent si mal en macronie. Geneviève Legay, 73 ans, voulait participer à une manifestation des gilets jaunes à Nice, en 2019, avec pour emblème son drapeau de la Paix.

 « J’ai 73 ans que voulez-vous qu’il m’arrive ? disait-elle, forte de cinquante ans d’expérience militantes dans un pays qui a fait une révolution pour restituer le pouvoir au peuple avec, pour socle, les droits de l’Homme.

La septuagénaire se retrouve pourtant à l’hôpital avec de multiples blessures à la suite d’une charge policière. Ce fait est connu depuis le premier jour par l’ensemble de la hiérarchie mais tout le monde va mentir : le maire de Nice d’abord, le procureur ensuite et jusqu’au président de la République. Elu, magistrat et chef de l’Etat, dont l’une des missions est de faire respecter la loi et l’intérêt général, se serrent les coudes pour cacher la vérité. Tout est bon pour masquer les dérives de l’institution policière.

C’est pourtant dans l’intérêt de cette même institution qu’un policier lanceur d’alerte aura le courage de faire éclater la vérité. Son sort sera à l’avenant des premiers réflexes du ministère : mise à pied puis contraint de quitter le métier auquel il tenait. Autre signe qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de l’Intérieur : le commissaire mis en cause sera, lui, récompensé comme d’autres pour : « engagement exceptionnel dans le cadre des gilets jaunes ». L’occasion était belle de changer les choses dans une police à la dérive. Le politique a fait un autre choix.  Délétère. Les multiples exemples subis depuis par de nombreux citoyens en témoignent. Il y a cependant une bonne nouvelle : le procès d’un responsable hiérarchique, jeudi 11 janvier, Il s’agit du commissaire qui a donné l’ordre des charges – et non d’un simple exécutant. Une première depuis longtemps et une étape importante pour sortir de l’individualisation de la faute et de la rhétorique de la « bavure ».

Une étape avant de pouvoir mettre chacun face à ses responsabilités. Une étape pour poser collectivement la question du système qui mine ce qui devrait être un service au public, et non un outil de contrôle social violent au service des puissants.

Cédric ClérinÉditorialiste à l’Huma

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