Depuis le 7 octobre 2023, une année en enfer s’est écoulée. Elle a commencé par l’horreur de l’attaque terroriste du Hamas, qui a froidement exécuté 1 200 personnes dans ce qui est à ce jour le plus grand massacre qu’Israël ait connu sur son sol depuis 1948. À cette barbarie, Netanyahou a décidé de répondre par la barbarie. Depuis le début des bombardements sur Gaza, l’enfer s’est abattu sur les Palestiniens.
Certes, la tragédie n’a pas commencé par le 7 octobre, puisque la guerre, les attentats, l’occupation et la colonisation durent depuis des décennies. Mais ce qui se passe dans cette région du monde depuis douze mois marque un point de bascule. Pour les peuples, d’abord. À Gaza, plus de 40 000 personnes ont été tuées dans ce que l’ONU qualifie de « punition collective » : bombardements, famine, maladies, exode forcé, systèmes scolaire et sanitaire détruits. Aucun peuple n’a vécu une telle catastrophe humanitaire dans l’histoire récente. Benyamin Netanyahou ne cherche pas à éradiquer le Hamas, ni à libérer les otages israéliens : il est engagé dans une fuite en avant personnelle et idéologique. Le premier ministre du gouvernement d‘extrême droite veut tout autant s’éviter les tribunaux qui le menacent dans son pays que détruire toute chance de voir naître un État palestinien.
Pour donner corps à son rêve de Grand Israël, qui n’est rien d’autre qu’un projet colonial, il prend le risque de plonger le monde dans l’abîme. Netanyahou piétine toutes les règles humanitaires qui imposent d’épargner les populations et les infrastructures civiles au cours des conflits.
Dans les ruines de Gaza, dans les décombres de Beyrouth, gît le droit international. Bafouer sciemment ces lois communes, c’est exposer tous les peuples au monde à l’arbitraire de guerres sans lois. Il y a un an, les dirigeants israéliens pensaient n’avoir devant eux que quelques semaines avant que les opinions publiques et les gouvernements ne s’élèvent contre leur vengeance aveugle. Mais Israël bénéficie d’une impunité totale. Ni la France, ni l’Europe, ni les États-Unis n’ont posé de limites pour arrêter le massacre. Les livraisons d’armes continuent. Le verbe est haut pour dénoncer l’inacceptable, le bras est faible pour l’empêcher d’advenir.
Cette passivité coupable, cette complicité, est encouragée par un matraquage intellectuel et médiatique justifiant les massacres au nom du droit d’Israël « à se défendre ». Les 1 200 vies israéliennes retirées justifieraient la mort de dizaines de milliers de Palestiniens et, désormais, de Libanais. Or, une vie vaut une vie. La criminalisation de la solidarité avec la Palestine et les infamantes accusations d’antisémitisme qui guettent toute voix critique de la politique d’Israël servent d’écran de fumée devant la tragédie. Elles créent aussi un amalgame désastreux qui, au bout du compte, nourrit l’antisémitisme.
Gaza est presque entièrement rasée et la Cisjordanie est le théâtre des exactions quotidiennes des colons épaulés par l’armée. Un peuple se meurt, la Cour internationale de justice met en garde contre le risque de génocide. Où s’arrêtera cette folie meurtrière ? Netanyahou a beau se réjouir des assassinats d’Ismaël Haniyeh, chef du Hamas, et de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, leur mort hors de tout cadre légal justifiera demain les pires atrocités en retour. Il est grand temps que les armes se taisent. Le gouvernement français peut et doit reconnaître au plus vite l’État de Palestine, et contribuer à mettre fin à cet engrenage infernal.
On ne doit jamais s’habituer à la guerre. L’action diplomatique internationale peut conjurer l’embrasement de la région, qui aurait des conséquences incalculables… C’est la seule façon de respecter la mémoire des 1 200 Israéliens tués et des plus de 42 000 Palestiniens et Libanais morts dans une guerre qu’ils n’ont pas voulue. La seule voie pour éviter une année de plus en enfer.
Cédric Clérin
Rédacteur en chef de l’Huma
Au fil de l’actualité…Mettre fin à l’enferDepuis le 7 octobre 2023, une année en enfer s’est écoulée. Elle a
commencé par l’horreur de l’attaque terroriste du Hamas, qui a froidement
exécuté 1 200 personnes dans ce qui est à ce jour le plus grand massacre
qu’Israël ait connu sur son sol depuis 1948. À cette barbarie, Netanyahou
a décidé de répondre par la barbarie. Depuis le début des bombardements sur
Gaza, l’enfer s’est abattu sur les Palestiniens. Certes, la
tragédie n’a pas commencé par le 7 octobre, puisque la guerre, les
attentats, l’occupation et la colonisation durent depuis des décennies. Mais ce
qui se passe dans cette région du monde depuis douze mois marque un point de
bascule. Pour les peuples, d’abord. À Gaza, plus de 40 000 personnes ont
été tuées dans ce que l’ONU qualifie de « punition
collective » : bombardements, famine, maladies, exode forcé, systèmes
scolaire et sanitaire détruits. Aucun peuple n’a vécu une telle catastrophe
humanitaire dans l’histoire récente. Benyamin Netanyahou ne cherche pas à
éradiquer le Hamas, ni à libérer les otages israéliens : il est engagé
dans une fuite en avant personnelle et idéologique. Le premier ministre du
gouvernement d‘extrême droite veut tout autant s’éviter les tribunaux qui le
menacent dans son pays que détruire toute chance de voir naître un État
palestinien.Pour donner
corps à son rêve de Grand Israël, qui n’est rien d’autre qu’un projet colonial,
il prend le risque de plonger le monde dans l’abîme. Netanyahou piétine
toutes les règles humanitaires qui imposent d’épargner les populations et les
infrastructures civiles au cours des conflits.Dans les
ruines de Gaza, dans les décombres de Beyrouth, gît le droit
international. Bafouer sciemment ces lois communes, c’est exposer tous les
peuples au monde à l’arbitraire de guerres sans lois. Il y a un an, les
dirigeants israéliens pensaient n’avoir devant eux que quelques semaines avant
que les opinions publiques et les gouvernements ne s’élèvent contre leur
vengeance aveugle. Mais Israël bénéficie d’une impunité totale. Ni la
France, ni l’Europe, ni les États-Unis n’ont posé de limites pour arrêter le
massacre. Les livraisons d’armes continuent. Le verbe est haut pour dénoncer
l’inacceptable, le bras est faible pour l’empêcher d’advenir.Cette passivité
coupable, cette complicité, est encouragée par un matraquage intellectuel et
médiatique justifiant les massacres au nom du droit d’Israël « à se
défendre ». Les 1 200 vies israéliennes retirées justifieraient la
mort de dizaines de milliers de Palestiniens et, désormais, de Libanais. Or,
une vie vaut une vie. La criminalisation de la solidarité avec la
Palestine et les infamantes accusations d’antisémitisme qui guettent toute voix
critique de la politique d’Israël servent d’écran de fumée devant la tragédie.
Elles créent aussi un amalgame désastreux qui, au bout du compte, nourrit
l’antisémitisme.Gaza est
presque entièrement rasée et la Cisjordanie est le théâtre des exactions
quotidiennes des colons épaulés par l’armée. Un peuple se meurt, la Cour internationale
de justice met en garde contre le risque de génocide. Où s’arrêtera cette folie
meurtrière ? Netanyahou a beau se réjouir des assassinats d’Ismaël
Haniyeh, chef du Hamas, et de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, leur mort
hors de tout cadre légal justifiera demain les pires atrocités en retour. Il
est grand temps que les armes se taisent. Le gouvernement français peut et doit
reconnaître au plus vite l’État de Palestine, et contribuer à mettre fin à
cet engrenage infernal.On ne doit jamais s’habituer à la guerre. L’action diplomatique
internationale peut conjurer l’embrasement de la région, qui aurait des
conséquences incalculables… C’est la seule façon de respecter la mémoire des
1 200 Israéliens tués et des plus de 42 000 Palestiniens et Libanais
morts dans une guerre qu’ils n’ont pas voulue. La seule voie pour éviter une
année de plus en enfer. Cédric
ClérinRédacteur
en chef de l’Huma