« La disparition d’un ministère de la Santé et d’un ministère de l’Enfance de plein exercice constitue bien plus qu’un simple remaniement administratif : c’est un acte lourd de sens, symptomatique d’un désengagement de l’État face à des responsabilités fondamentales. Ces ministères incarnent, dans leur essence, la mission régalienne de protection des citoyens les plus vulnérables et de garantie de l’égalité des chances. Leur effacement ou leur dilution dans des portefeuilles plus larges traduit une priorité politique réduite pour ces enjeux cruciaux.
Une santé reléguée au second plan
Un ministère de la Santé a pour fonction première de coordonner et de garantir l’accès universel à des soins de qualité. Sa suppression ou son intégration dans un vaste ministère fourre-tout envoie un signal clair : la santé publique n’est plus une priorité. Dans un contexte où les inégalités d’accès aux soins explosent — entre zones rurales et urbaines, entre catégories sociales, et parfois même selon l’origine ou le genre —, cette disparition aggrave le sentiment d’abandon. En fragmentant les responsabilités, on affaiblit les politiques publiques ciblées et la capacité de réponse face aux crises sanitaires. Cela ouvre la porte à une privatisation accrue du secteur, faisant de la santé un privilège plutôt qu’un droit.
L’enfance, une priorité oubliée
La disparition d’un ministère dédié à l’enfance est encore plus symbolique. L’enfance, par nature, représente l’avenir d’une société. Or, supprimer une institution dédiée à cette tranche de la population revient à négliger la lutte contre les inégalités précoces, qu’elles soient éducatives, sociales ou de santé. Loin de favoriser l’égalité des chances, un tel choix risque de creuser davantage les écarts, en limitant les initiatives destinées à protéger les enfants vulnérables : ceux vivant dans la pauvreté, les mineurs isolés, ou encore les victimes de violences.
Le désengagement de l’État : un choix politique
Ce double effacement témoigne d’un glissement idéologique : celui d’un État qui abandonne peu à peu son rôle de régulateur et de protecteur au profit du marché ou de structures décentralisées insuffisamment financées. Ce choix est le reflet d’une vision où les problématiques sociales et sanitaires sont perçues comme des « externalités » à gérer en marge des politiques économiques. Il s’inscrit dans une logique néolibérale, où la santé et l’éducation ne sont plus des biens communs à protéger, mais des services à consommer, soumis aux aléas du pouvoir d’achat.
Un recul face aux inégalités structurelles
En abandonnant des ministères de plein exercice, l’État se dérobe à son devoir de réduire les inégalités structurelles. Les populations les plus vulnérables sont les premières à souffrir de ce désengagement. Sans politique publique forte, les disparités en matière de santé, d’accès aux soins, et de protection de l’enfance ne peuvent que s’aggraver. Ce désintérêt institutionnel est également un affront à l’idéal républicain d’égalité, qui perd peu à peu sa substance face à la montée des individualismes et des intérêts privés.
Une question de choix collectif
Au-delà des symboles, cette évolution pose une question fondamentale : quel type de société voulons-nous construire ? Une société qui protège ses citoyens dès leur plus jeune âge, garantit leur santé, et veille à leur bien-être ? Ou une société qui délègue ces responsabilités à des structures fragiles, au risque d’aggraver les fractures sociales ? La disparition de ces ministères ne devrait pas seulement inquiéter : elle appelle à une mobilisation collective pour rappeler que l’État reste le garant des droits fondamentaux, au service de tous, et non d’une élite privilégiée. »
Section de Sète du PCF