La sortie du Journal d’un Prisonnier relève d’une opération politique et médiatique visant à réhabiliter celui qui se présente comme un « otage » de la République !
Dans le Figaro, grand quotidien de la droite, un président reconnu coupable d’association de malfaiteurs se change en martyr.
Au JDD, la ferveur vire à l’hagiographie. Ce journal, propriété de Vincent Bolloré, qui édite aussi le livre de Sarkozy, publie des extraits du manuscrit comme s’il s’agissait d’un inédit de Proust ou de Hugo. L’ouvrage, affirme-t-il, n’est pas seulement le récit d’une incarcération, c’est aussi un acte de résistance.
Résistance contre qui ? Contre une justice qui l’accuserait « sans preuves » alors que les dossiers comportent des transferts financiers avec un faux, qui ont été reconnus comme authentiques par les magistrats.
À coup de couvertures médiatiques complaisantes, on attend presque la béatification. Le nombre de journalistes qui relaient avec gourmandise cette dramaturgie est stupéfiant.
En réalité, tout cela sert de rideau de fumée.
La partie la plus politique de l’ouvrage est limpide. Sarkozy assure à Marine Le Pen qu’il ne soutiendra pas le Front Républicain lors des prochaines échéances électorales, et qu’il prendra publiquement position.
Voilà le pacte. Lui aide l’extrême droite à finir d’aspirer ce qu’il reste de la droite, elle, en retour, prend sa défense et saura s’en souvenir si elle accède au pouvoir.
Extrait de l’éditorial de Cédric Clérin, rédacteur en chef de L’Humanité.