Au fil d’actualité…. « La République ne peut pas être réduite à l’ordre public » 

Commémoration. La république française à 231 ans. A l’occasion de l’anniversaire de l’abolition de la royauté, le 21 septembre 1792, le député PCF, Pierre Dharréville revient sur les détournements de cette notion de la République. Et sa promesse, loin d’être tenue.

Le 21 septembre 1792, la Convention nationale, pour sa première séance, proclame l’abolition de la royauté. C’est la naissance de la République française, dont le premier jour est daté au 22 septembre. Que reste-t-il, 231 ans plus tard, de la promesse républicaine éclose à la Révolution ? A l’initiative des députés Pierre Dharréville (PCF) et Alexis Corbière (FI), un colloque est organisé, ce jeudi, à l’Assemblée Nationale, autour de cette question.

A l’occasion de l’anniversaire du 21 septembre 1792, vous avez souhaité organiser une journée de débats autour de la République. Cette réflexion s’impose-t-elle à l’heure où cette notion est détournée par certains responsables politiques ?

« En effet, l’idée de République est aujourd’hui mise à toutes les sauces. Des gens qui en réalité sont anti-liberté, anti-égalité, anti-fraternité se permettent même de se revendiquer comme ses plus grands défenseurs. La gauche qui au contraire prône une réelle République sociale est placée par certains en dehors de ce qui est appelé « l’arc républicain ». C’est dû à une utilisation à contre-emploi de ce qu’est la République, en la résumant à l’ordre républicain. La République ne peut pas être réduite à l’ordre public, à fortiori quand cet ordre est injuste. Ces détournements montrent bien qu’une réflexion est nécessaire sur ce qui fonde notre régime et l’idéal républicain ».

Dans la vie des français, aujourd’hui, la promesse républicaine née pendant la Révolution est-elle respectée ?

« L’élan révolutionnaire, celui qui doit permettre d’établir une vraie République sociale, n’est pas allé à son terme. La République est abimée lorsqu’on s’attaque à l’égalité des droits et aux droits sociaux comme le droit à la retraite ou au logement. La République est blessée par le pouvoir de l’argent. Ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ne sont pas exactement appliquées. Et il y a aussi les outils de la République, qui sont également abimés lorsque les services publics manquent. La promesse républicaine n’est pas respectée ».

Qu’est ce qui, aujourd’hui, doit permettre, selon vous, de raviver l’idéal républicain ?

« C’est la politique au sens large qui doit s’en occuper. Une transformation des institutions est nécessaire mais ça ne s’arrête pas là. Nous voulons une République démocratique qui fasse valoir le pouvoir du peuple. Il y en a assez d’utiliser l’appel à la République pour faire taire les aspirations populaires. L’idée de République a été étouffée depuis sa naissance. En 1945, cette grande idée de la Sécurité Sociale est venue la nourrir. Elle doit être défendue mais aussi s’élargir, en intégrant l’alimentation, par exemple. Une des idées que je prône est celle « républicommun ». La République peut trouver une source de régénération autour d’une dynamique des biens communs. Face au mouvement de privatisation et de marchandisation du monde, c’est un des enjeux fondamentaux ».

Entretien réalisé par Florent Ledu

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut